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Axel Simon, scénographe indépendant et journaliste musical, explore La Station - Gare des Mines, un espace culturel aménagé dans une ancienne gare de la périphérie parisienne. Au fil des ans, le lieu a rassemblé une communauté fervente tout en se forgeant une solide réputation dans le circuit underground français. À travers cette interview, Olivier Le Gal, David Georges-François de La Station et Roman Szymczak de l'Atelier Craft, le studio de design à l'origine de la scénographie du lieu, nous ouvrent les portes d'un espace en constante évolution qui conjugue activisme et transdisciplinarité.

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Auteur : Axel Simon

Crédit Photo : Axel Simon


Qui est derrière La Station – Gare des Mines, et quelle est l’histoire du club ?

C’est le collectif MU qui est derrière La Station. On l’a monté en 2002, donc bien avant l’ouverture du club en 2016, dans le but d’imaginer des dispositifs originaux de diffusion artistique. On s’est notamment fait connaître grâce à des parcours sonores dans l’espace public, puis par l’organisation du festival Filmer la musique, à la Gaîté Lyrique. En 2012, on a ouvert au public le Garage MU, une salle de concerts pour 130 personnes, située dans le XVIIIe arrondissement de Paris.

Toutes ces démarches, de création, de diffusion, de production, se sont plus ou moins cristallisées dans La Station – Gare des Mines, lorsqu’on a répondu à un appel à projets lancé par la SNCF Immobilier pour investir les lieux de La Station Sud.

On a pu investir les lieux pour six mois et les exploiter seulement en extérieur dans un premier temps, sur des formats de concerts. C’est le moment où Atelier CRAFT a proposé de dessiner et fabriquer la scène de La Station, en échange d’un endroit dans le lieu pour créer leur atelier.

Comme la première saison a bien marché, on a été prolongés pour une deuxième année, pendant laquelle on a aménagé les intérieurs de La Station Sud, ce qui a permis d’organiser des formats club. On a par la suite été prolongés de six mois en six mois. En 2020 on a ouvert l’espace extérieur de La Station Nord, et en Mars 2022, on ouvre l’espace intérieur de cette partie Nord.

Aujourd’hui, on est sur une situation de plus en plus pérenne et on dialogue avec la mairie de Paris pour s’inscrire dans le temps long, après les Jeux Olympiques de 2024 et au-delà.


Où le club est-il situé ? Quelle est l’histoire des bâtiments dans lequel il s’installe ?

La Station-Gare des Mines est située au Nord de Paris, le long du périphérique, une autoroute qui fait le tour de la ville. Dans un quartier qui se transforme peu à peu d’une zone d’entrepôts en quartier résidentiel. Aujourd’hui l’espace est dégagé autour de La Station, mais à partir de la fin des années 2020, des immeubles entoureront le club.

Le lieu dans lequel La Station-Gare des Mines prend place est une ancienne gare servait à amener du charbon à Paris, et dont l’activité à continué jusque dans les années 1970. Cette gare couvrait toute une zone sur laquelle il y avait des rails, on en voit encore par endroits. La partie Sud est ensuite devenu une boîte de nuit africaine, le Balafon, et la partie Nord a abrité une entreprise de matériaux de construction, Raboni.


D’où vient le nom « La Station – Gare des Mines » ?

Dans « La Station », il y a l’idée d’une référence à la gare d’origine. D’une station d’un réseau aussi, comme peut l’être une station de métro. Le fait d’être au bord du périphérique amenait une dimension presque station-service. Enfin, c’est un nom qui fait aussi référence aux stations de radio, d’où d’ailleurs le nom de notre radio qui s’est appelée Station Station – la radio de La Station.

Il y avait déjà un lieu qui s’appelle « La Station » à Nice, qui est un lieu d’art contemporain. De fait, pour ne pas se retrouver à leur prendre leur nom, on s’est dits qu’on allait ajouter le sous-titre « Gare des Mines ». De plus, on s’est dits que si on était amenés à bouger, « La Station-Gare des Mines », pourrait devenir « La Station – Quelque-chose-d’autre » ailleurs à Paris.

« Doré, 2019, Dominique Gilliot – Oeuvre accrochée à l’occasion de l’ouverture du bâtiment nord, pour une durée indéterminée. «  © Adèle Meunier


Comment décririez-vous la scène de La Station, musicalement et esthétiquement parlant ?

Au départ, on a vite eu envie que ce lieu devienne un lieu de visibilité de toute une scène alternative, underground, confidentielle, qu’on pouvait trouver au Zorba, au Café de Paris, à l’Espace B, tous ces lieux qui sont importants et permettent à plein de groupes de faire leurs premières armes. Notre programmateur, Eric Daviron, qui avait déjà programmé au Garage MU et à Filmer la musique, a organisé un grand nombre de concerts. Valentin Toqué et Mathilde Quéguiner ont très vite rejoint Eric et ont été une vraie force de proposition en termes de programmation musicale notamment dans le domaine des nouvelles scènes électroniques pour Mathilde, par ailleurs Dj sous le nom de Keki.

Aujourd’hui, c’est un lieu de créations, d’expérimentations, ouvert sur les scènes émergentes et qui capte maintenant une scène confirmée. Ce n’est plus seulement le lieu des artistes qui font leurs preuves, mais un lieu qui est sur la carte des lieux importants d’un point de vue artistique. Les nouveaux espaces de La Station Nord et de nouvelles envies au sein de l’équipe nous amènent à vouloir plus solliciter des énergies issues d’autres arts que ceux de la musique, et d’hybrider les propositions. Pourquoi pas une soirée club qui peut être précédée par de la performance, dans un cadre scénographique qui se prête à des formes d’expositions, des projections, des installations lumineuses…

C’est aussi un lieu bien identifié par les communautés queer et LGBTQIA+. Il y a eu deux trois collectifs qui ont organisé des événements qui ont attiré ce public. Polychrome a été précurseur, puis Berlinons-Paris et La Culottée. Spectrum est arrivé par la suite, ça a été la première soirée club dans les intérieurs de La Station. Dora Diamant a organisé plusieurs événements aussi, en invitant notamment Mykki Blanco.


Y a t-il un mix spécifique qui représente votre club ?

Le mix qui représente bien La Station-Gare des Mines puisque c’est un condensé des musiques électroniques qu’on a choisi de défendre. À savoir des sortes d’hybridations entre breaks UK, ambient abrasif, noise, grime, IDM… Plusieurs artistes présents dans ce mix ont d’ailleurs joué ou vont bientôt jouer chez nous (Know V.A.Aho SsanAamourocean…)


La Station-Gare des Mines porte-t-elle une forme d’engagement politique, social, militant ?

C’est un lieu qui se veut le plus inclusif possible, qui a un vrai souci d’ouverture vis à vis des publics les plus larges. A commencer par les plus précaires. On a créé un espace qui s’appelle « L’aire de repos », qui porte ça aussi, en étant un espace d’accueil de jour pour mineurs isolés. C’est aussi un lieu qui essaie de dialoguer avec le quartier autour, pour bien s’inscrire dans les évolutions à venir.

Comme on l’a dit, c’est un lieu bien identifié par les communautés queer et LGBTQIA+., notamment les plus militantes. Au sein de l’équipe il y avait aussi pas mal de gens proches de ces milieux. On a porté un festival féministe militant, « Comme nous brûlons ». C’était un projet porté par l’équipe de La Station et des personnes extérieures.

La dimension militante de La Station est aussi portée notamment par Line Gigot au travers de sa programmation Arts Visuels. On accueille aussi Queer Education, qui est une association qui réfléchit sur ces questions de genre de le cadre de l’Education Nationale. C’est un peu comme si un avait un collectif militant en résidence.


Qu’est ce qui compose la scénographie de La Station ?

Le premier geste scénographique construit, c’est celui de la création d’une scène en extérieur. Atelier CRAFT l’a pensée dans une recherche de symbiose avec le contexte environnant, et particulièrement le bâtiment de La Station Sud. Ils ont monté une scène composée de tubes métalliques peints en noir, qui rappelle l’ancienne gare de charbon et d’un côté un peu rude du bâtiment existant. Une scène « minimaliste » au langage un peu japonisant, qui soit une sorte d’extension naturelle du bâtiment existant. Qui n’a pas du tout les proportions d’une scène classique, et est ouverte sur toutes les faces, afin de laisser passer la lumière du soleil, mais aussi de rendre le concert visible d’où que l’on soit.

© Axel Simon


Sont ensuite venus année après année les aménagements extérieurs de La Station Sud. Une palissade en bois brûlé avec la technique du Shou-Sugi-Ban, des auvents en structure bois légère pour protéger un bar, une régie et des zones assises. A l’intérieur de La Station Sud, Atelier CRAFT a installé des tubes en métal à la verticale entre le sol et le plafond, donnant l’impression qu’il s’agissait d’étais sans lesquels le plafond ne tiendrait pas.

Pour ce qui est des extérieurs de La Station Nord, le grand geste est d’abord venu d’une nécessité de faire la jonction entre le niveau intérieur du bâtiment existant et celui du sol extérieur. Cette jonction a été pensée de manière franche plutôt que de mettre un petit escalier dans un coin. Ce qui a amené à la création d’une grande agora en L, en bois. La charpente a ensuite été créée pour abriter un espace de restauration, ouvert pour capter la lumière au Sud et le coucher de soleil à l’Ouest.

Le nouvel espace intérieur de La Station Nord a lui été plus voulu comme un espace 100% polyvalent. Il n’a pas été pensé à l’origine comme un espace de concerts et de club, mais quand on s’est rendus compte que cela serait intéressant que ça le soit, on s’est concentrés sur un traitement acoustique important, qu’on a laissé visible. Le nouveau système son installé, avec des enceintes dans tout l’espace va permettre un vrai plaisir à s’immerger dans le son.


En quoi la scénographie a t-elle contribué à l’identité de La Station telle qu’elle est aujourd’hui ?

Comme on est un club à la fois intérieur et extérieur, la scénographie du lieu ce ne sont pas que les interventions scénographiques construites. On est au bord du périphérique, et dès qu’on monte sur le perron de La Station Sud on voit le flux de voitures, il y a quelque chose d’assez extraordinaire là dedans, c’est quelque chose qui fait qu’on est ici et pas ailleurs. De plus, on est orientés plein Ouest, et pour l’instant aucune construction ne cache le soleil, que l’on a jusqu’aux derniers rayons et qui pénètre jusqu’à l’intérieur des bâtiments. Notre projecteur numéro un, c’est le soleil ! Ça donne des fins d’après-midi et débuts de soirée qui font beaucoup de l’expérience de La Station.

Le périphérique, une esthétique industrielle, la brique elle-même, et le rapport du site avec la lumière parlent beaucoup aux publics de La Station. Beaucoup de gens évoquent Berlin quand ils viennent. On a même le mur de Berlin ! C’est le grand mur qui longe La Station Nord, qui servait d’appui à des tas de charbon. Il marque la limite physique entre Paris et la banlieue. Pour nous c’est un espace d’exposition. C’est de la scénographie qui était déjà là.

La scène de La Station Sud, ouverte sur tous les côtés a contribué à l’identité des lives extérieurs. Son esthétique faite de tubes métalliques peints en noir est inspirée de l’histoire du lieu, mais aussi de la programmation musicale, et est devenu un élément support de la programmation en tant que telle.

Les tubes métalliques installés à l’intérieur de La Station Sud ont contribué à donner une lecture de cet espace symbolisant un lieu en mouvement, avec la volonté de ne pas faire semblant qu’il s’agit d’un lieu éphémère, un peu trash.

Côté Nord, les extérieurs ont d’abord été dessinés sans penser aux imaginaires qui sous- tendent à La Station-Gare des Mines, mais l’ajout de containers dans l’alignement de la plateforme en bois a amené à se rendre compte que ça créait comme un quai de gare. Et que les containers sont des wagons qui se garent sur le côté. C’est comme si la scénographie se créait d’elle-même et faisait écho au patrimoine du lieu. Qui plus est, on a créé un vrai parallèle entre le langage de la charpente bois et celui des grandes portes du bâtiment.


Comment les gestes scénographiques construits ont-ils pu contribuer à l’expérience vécue de La Station ?

L’intérieur de La Station Sud a deux espaces de club. L’un au RDC, pour environ 300 personnes, l’autre au sous sol, pour un peu moins de 100 personnes. Quand on fait des soirées club, on active les deux espaces, et le public est obligé de passer d’un espace à l’autre par l’extérieur. Qui est donc à la fois un lieu de vie, mais aussi de passage et de distribution. La scène extérieure habite l’espace de ce point de vue. Elle sert de scène, mais parfois les gens s’y posent aussi quand on est en club. A tel point qu’il y a plein de gens qui passent leurs soirées à La Station sans vraiment tellement aller à l’intérieur. Pour eux finalement La Station Sud c’est d’abord une place qu’on pourrait presque percevoir comme une place urbaine.

© Adèle Meunier

Pour l’aménagement des extérieurs de La Station Nord, il y a tout de suite eu la volonté d’organiser à nouveau une place, en créant un L avec le nouveau quai et les marches qui rattrapent le niveau du quai et celui du sol. Ces marches sont devenues des sortes de gradins depuis lequel les gens pouvaient assister à une représentation en bas. Ou alors au contraire, parfois les groupes sont en haut des marches et les gens en bas. On retrouve le même délire informel qu’il y a dans la scène de Sud, une sorte de convivialité où les usages ne sont pas 100% définis. Au final les marches, dans cette configuration, forment une sorte d’agora, qui fonctionne très bien.

Il y a une certaine liberté d’appropriation du lieu dans l’expérience qu’ont les gens qui viennent à La Station. Les usages ne sont pas prédéfinis, les espaces amènent de grandes libertés de mouvements, et il s’y déploie une certaine esthétique assez trash qui fait que les gens ont moins de limites d’expression, y compris jusqu’à tagger les murs, ce qui participe aussi de l’identité de La Station. Le nouvel espace est assez propre, mais en deux secondes il va y avoir des tags sur les murs, et on va retrouver La Station telle qu’on l’imagine.

Une des marques d’appropriation évidente est celle d’un petit espace situé à l’intérieur de La Station Sud qu’on appelle « La Bergerie », qui est un espace assis entouré par des étais. On s’est vite rendu compte que c’est devenu des barres de pole dance! Et que les tables qu’on avait fabriquées avec des parpaings sanglés pour ne pas être déplacés, c’est devenu des podiums! En after, cet espace c’était le plus chaud de La Station.

Au delà de ces grandes configurations spatiales, Atelier CRAFT a cherché à recréer en partie ce qui apporte une spécificité et un confort dans l’expérience vécue du club, à savoir créer plusieurs petits espaces dans le grand espace. Des caractéristiques qui se retrouvent souvent dans les clubs à Berlin.


Les gestes scénographiques construits ont-ils contribué à la pérennisation du club ?

On a montré aux politiques et aux aménageurs que c’était solide. Ce n’est pas que ça, c’est aussi la programmation et le nombre de publics qui passent chaque année qui comptent pour autant. Mais c’est une petite pierre qui est rajoutée à l’édifice. Je pense que c’est important. Ça a beau être moins trash et moins dans l’esprit de La Station du début, ça indique aux gens que La Station peut durer.

Même les premiers gestes scénographiques, pensés comme relativement éphémères, ont permis de créer un paysage qui a fait que La Station s’est rapidement démarquée d’autres clubs ou tiers lieux. Ça a contribué pour beaucoup à souligner que La Station n’est pas juste un lieu de brasseur pour vendre de la bière l’été.

© Adèle Meunier

De quelles manières la scénographie de La Station prend-elle en compte les enjeux de durabilité actuels ?

Les premiers gestes scénographiques ont été dictés par une absence totale de moyens. L’esthétique de La Station c’est déjà une esthétique de la récupération. On était là que pour 6 mois, puis pour des durées de 6 mois renouvelables, donc on construisait toujours un peu dans l’urgence et dans l’optique que ça allait durer 6 mois. Tous les premiers éléments créés pour La Station Sud sont donc entièrement démontables. On est peu à peu passés du métal au bois pour accompagner le fait que l’installation de plus en plus durable dans le lieu amenait une envie de chaleur dans les matériaux employés.

Pour La Station Nord, on a eu plus de temps de conception, et c’est un projet où on savait qu’il fallait que ça dure minimum 4-5 ans. C’est pour cette raison que nous sommes passés sur des sections beaucoup plus importantes, comme pour une construction pérenne. Par contre, nous avons tenu à conserver le plus de réversibilité possible. Le pavillon reste donc montable et démontable et les éléments structurels sont uniquement boulonnés avec le moins de transformations possibles pour garantir un potentiel réemploi.

Sur le site d’Atelier CRAFT, il est écrit que cette structure extérieure a été pensée comme « une gare mobile qui se déplace quand on a besoin d’elle ». L’idée n’était pas de se dire qu’elle allait se déplacer sous la même forme, mais que tous les éléments qui ont été mis en oeuvre dans la conception peuvent être réutilisés ultra facilement. On a utilisé uniquement des longueurs standard de bois. Au sol on a même réussi à faire un calepinage qui n’a occasionné aucune chute. La chute que l’on découpait de la dernière planche nous servait à démarrer de l’autre côté.


La scénographie de La Station amène t-elle à créer des espaces plus safes ? Plus inclusifs ?

La Station est bien identifiée comme un lieu safe et inclusif. Ce sont des débats qu’on a eu avec toutes les équipes. Après, pour ce qui est des manières dont l’organisation de l’espace peut y contribuer, il y a peut être une manière de le penser, mais on ne sait pas encore trop comment.

Pour l’instant on met principalement l’accent sur la sensibilisation et la formation. Le design ce n’est pas que l’espace. C’est aussi le design des instances et le design des organisations. La question des protocoles, des procédures, de la sensibilisation et de la formation fait partie de ça aussi. Comment on fait remonter une agression par exemple. Quels sont les outils pour signaler une agression, qu’on s’est senti mal à l’aise ?

Et comment tu accueilles les gens ? Comment tu veilles sur eux et tu es attentif au moindre incident ou malaise ? Ça a été quelque chose de très vite repéré par le public ici. On est dans un lieu où il y a une volonté d’accueillir les gens, faire en sorte qu’ils se sentent bien et pas trop fliqués non plus – ça peut avoir ses effets pervers. Mais à La Station on reste dans un lieu où on fout globalement la paix aux gens.

Pour ce qui est des questions d’inclusivité, on a remis tous les espaces existants aux normes PMR et les toilettes sont mixtes et sans indications de genres. On est actuellement dans une réflexion sur les manières de renommer les différents espaces et de déployer une signalétique qui en soit le support.

Comment voyez-vous le futur de La Station ?

On a fait part à la ville de Paris de rester au delà du transitoire et des Jeux Olympiques 2024. On pense que le lieu est important pour Paris et qu’il y a encore des choses à développer ici. Même si on sait qu’il y a un projet urbain très dense, qui va prendre place sur la période 2025-2032.

Là on rediscute de la manière de re-configurer tout ce qu’on a pu développer à l’horizontale sur quelque chose d’un peu plus compact, réparti entre les bâtiments historiques qu’on occupe et des pieds d’immeubles des bâtiments qui vont nous faire face. Et peut être de rééquilibrer ce qu’on perd du côté Ouest vers le côté Est. Pour l’instant on est sur une discussion assez ouverte sur la forme que pourrait prendre cette nouvelle Station. Qui s’orienterait peut être vers des idées de créer un nouvel espace concert, et de trouver un moyen plus architectural de relier les deux bâtiments.

La programmation sera globalement axée sur les orientations qui se mettent en place maintenant. C’est à dire des formats plus variés que concert ou club, et plus hybrides. L’accueil culturel des exilé.e.s aussi. Du jardinage et de l’agriculture urbaine, et toujours une brasserie, de la restauration…


Comment voyez-vous le futur des clubs ?

Depuis quelques années se développent des offres de clubs en périphérie, dans des espaces beaucoup moins centraux qu’avant. Des espaces moins qualifiés, qui laissent une plus grande mobilité des gens. S’il y a un avenir désirable des clubs, c’est celui-là. Il semble qu’il y a un désir chez les nouvelles générations d’articuler le club sur d’autres formes, d’hybrider le club avec autre chose, l’inscrire dans une forme de transdisciplinarité et de militantisme.

C’est sans doute l’aspect trop statique des clubs historiques qui leur fait défaut aujourd’hui. Cette capacité d’adaptabilité, de transformation doit être encouragée par l’architecture. Le rôle du scénographe de club est d’être capable de trouver le juste équilibre; d’un côté le design d’une identité forte s’appuyant sur des usages et un contexte, de l’autre côté des espaces qui conservent une part d’appropriable, dont les fonctions ne sont pas toutes définies et figées à l’avance. Un Lieu a besoin d’être vécu et de pouvoir évoluer dans le temps long, se réinventer.

Le club ne devient intéressant que lorsqu’il met en place une communauté un peu sensible. Et puis il faut que le club reste un espace et un temps où il y a une certaine forme d’aventure esthétique. On vient en club aussi pour écouter de la bonne musique, découvrir des artistes. Et que ce soit un plaisir pas seulement sonore, mais aussi visuel, ce qui tient au design et à l’environnement.

Il y a quelque chose de noble dans le club.

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À propos de l’auteur

Scénographe français indépendant, basé à Paris, Axel Simon a travaillé sur un projet de club au sein du Bureau Betak. Il est également journaliste musical pour le webzine Listen Up, anciennement plume de whypeopledance et responsable des relations presse pour United We Stream Asia.

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